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Leyla Binici : « Changeons le système ultralibéral pour celui d’écologie social et environnementale »

Afin de placer l’écologie au cœur du débat, nous avons posé les mêmes questions à différents candidat-e-s pour les élections européennes. Leyla Binici, investie sous la bannière d’Europe écologie les verts, a accepté d’y répondre.


Ecoh – Bonjour, vous êtes candidate sur la liste d’Europe Ecologie pour les élections européennes, pouvez-vous nous résumer votre parcours ?

Leyla Binici – Née en Turquie, j’ai des racines kurdes et alevis. Je suis issue d’une famille de cinq enfants, qui a toujours valorisé le respect du vivant et la paix. Mon père, ouvrier dans le bâtiment, est venu en France en 1972 sur demande de son entreprise, suivis par ma mère, féministe et auteure Je les ai rejoints en 1976. D’abord travaillé dans une usine de métallurgie comme ouvrière et en même temps suivie des cours de français pour apprendre la langue de mon nouveau pays. Par la suite je me suis intéresser aux difficultés de vies et de l’intégration des personnes d’issus d’immigration.

Mon premier poste dans les domaines du travail social remonte en 1984 En même temps j’ai suivie de nombreux formations dont des études en sciences sociales et en éducation populaire. Porté par mon éducation et mes valeurs, je me suis engagée dès mon plus jeune âge. D’abord militante, j’ai été présente au coté de nombreuses luttes, aussi bien pour le respect des droits fondamentaux humains, que la défense de notre environnement. Mon implication direct dans la lutte de l’écologie politique m’a portée vers Europe Ecologie – Les Verts et je suis membre depuis 2014.

Qu’est-ce qui vous a poussé à vous engager ?

La planète traverse une crise sans précédente ; le dérèglement climatique, la disparition d’une grande part de la biodiversité, l’expansion des déchets ou encore la raréfaction des ressources naturelles sont autant de faits graves et, aujourd’hui, reconnus scientifiquement.

Cette crise environnementale, que nous subissons tou.te.s, est associée à une crise sociale importante. Aussi bien au niveau de la France, comme on a pu le constater avec les revendications des gilets jaunes, qu’au niveau international au travers des guerres qui déchirent de nombreux territoires.

Ces deux enjeux, environnementaux et sociaux sont, à mon sens, fortement liées : on les retrouve à toutes les échelles de la société, et influent directement sur les vies de chacun.e. Elles ont également un dénominateur commun au travers du fonctionnement ultra-libéral de notre société, et des multinationales, qui jouent un rôle non négligeable sur l’une comme sur l’autre.

Or, je considère qu’il est important de trouver des solutions à ces deux problématiques, et de les mettre en place, en particulier au travers de la gouvernance du collectif et donc de la politique. L’échelle européenne est, à ce sens, particulièrement adaptée. Les politiques votées au parlement européen, devraient être des outils pour préserver le bien-être, l’autonomie et l’identité des peuples. C’est au parlement de Strasbourg que doit avoir lieu le premier changement fort aussi bien pour le climat que pour le social. Une fois que la direction sera donnée au parlement, et combiné à la volonté des citoyen.ne.s, le changement prendra une ampleur au travers des différentes nations.

C’est cette conviction, et volonté, de construire une Europe qui sauve le climat et les peuples qui m’ont poussé à m’engager sur cette liste aux européennes.

En matière d’environnement, quelles mesures de votre programme vous tiennent particulièrement à cœur ?

Actuellement l’écologie est à la mode. Tout le monde se dit écologiste !

Nous depuis quarante ans nous nous battons et défendons.

Notre programme est vaste, et constitue un tout. Il aborde de nombreux aspects différents, comme l’économie, la démocratie, la justice climatique, la préservation de l’environnement…
Pour nous tous ces sujets sont intimement liés, et traiter de l’un revient à traiter des autres. C’est cette vision et cohérence globale du projet écologiste qui fait également sa force et son sens. Il est donc particulièrement difficile d’en privilégier l’une des mesures.

Toutefois, à titre personnelle, les mesures qui concernent la fin des grands traités économiques libéraux me semble particulièrement important. Ces traités donnent des pouvoirs et moyens d’actions démesurés aux multinationales. Or celles-ci sont les premières à appuyer sur l’accélérateur en termes de dérèglement climatique et d’injustice sociale. Leur donner plus de force signifie renforcer le système actuel, et leur donner les moyens de les préserver du changement salutaire.

L’ensemble des député.e.s écologistes au parlement européen ont toujours fait front contre ces traités de libre échanges, qui érodent nos protections sociale, de la santé des européen.ne.s et notre environnement. Restreindre leur champ d’influence, en luttant contre l’évasion fiscale, et en les remettant au service de la collectivité me semble donc essentiel.

Quel est votre avis sur les marches pour le climat qui s’organisent en France et un peu partout dans le monde ?

Les marches pour le climat sont le reflet de la demande citoyenne de justice sociale et environnementale. Elle forme la preuve criante que l’écologie ne peut plus être négligé, ni être traité comme une variable d’ajustement. Les marches pour le climat présentent également une très forte diversité, aussi bien, en termes d’origine, d’âge, de genre que de catégorie sociale. Elles figurent parmi les rare manifestations qui incluent toute la France, et cela à l’image des problématiques qu’elles dénoncent. Elles montrent ainsi que l’écologie concerne tout le monde, et qu’il nous faut dépasser les anciens clivages : en tant qu’écologiste, nous ne représentons pas juste notre électorat, nous défendons toutes les humains.

J’ai personnellement participé aux nombreuses marches à Strasbourg, Colmar et Mulhouse, et c’est aussi pour répondre à la demande de ces nombreuses voix que notre liste et notre programme c’est constitué. Nous formons, à mon sens, le seul programme qui a placé en son cœur, les préoccupations portées par les personnes des marches pour le climat.

Selon vous, comment lier la justice sociale et l’urgence climatique ?

Pour nous la justice climatique est forcément sociale, et la justice sociale est forcément climatique. L’un ne peut être traité sans l’autre.

Aujourd’hui, les libéraux cherchent à opposés les deux en faisant payer le prix fort de la transition écologistes aux citoyen.ne.s, au travers de taxes ou d’une consommation verte exacerbée et verte. Or ces moyens, sont injustes et discriminants.

Le financement de la transition écologiste peut, par exemple, être largement porté par tout l’argent qui disparait dans l’évasion fiscale. Les multinationales et les banques, premières puissances financières mondiales, ont plus que les réserves pour le changement attendu. Or, les changements actuels sont plus en leur faveur, les épargnants, et leur évitant toute contrainte de changement en regard du climat.

Il est essentiel aujourd’hui de revenir à des productions à plus petite échelle, locale, qui fourni un travail durable aux territoires de l’Europe, ainsi qu’une résilience, aussi bien en termes d’énergie que d’alimentation que d’industrie. Le retour à des échelles humaines est largement accessible, sans pour autant le faire payer aux citoyen.ne.s. Il faut d’abord mettre ne place des infrastructures, et fonctionnement qui offrent à des échelles adaptées la résilience aux territoires. Cela implique un changement de fond de la politique commerciale, avec une sortie des grands traités ultra-libéraux, mais aussi une refonte de la PAC, et la valorisation de projets à faible mobilité. Et une fois que les politiques globales seront, à nouveau, en faveur des peuples, des territoires et de leur patrimoine, il sera possible à tout à chacun.e de vivre de façon respectueuse, quel que soit son budget.

Comment vous positionnez-vous face à la liste du PS, de Génération-s ou de la France insoumise, pourquoi tant de divisions ?

La divisions de ces quatre listes est effectivement discutable. Des mains ont été tendues, en particulier par EELV.. Nous avons par ailleurs conclu des alliances avec d’autres mouvements et partis, dans le but de rassembler.

Cependant, avec la France Insoumise, le PS et génération-s, des divergences importantes, sur le fond et sur l’actions sont apparus. Aujourd’hui, le vote EELV est lu, aussi bien par les médias, que par la plus part des politologue, que par les citoyen.ne.s comme «  le vote écolos ». Or la valeur de ce vote, est, aujourd’hui, directement traduit en la demande citoyenne d’une politique environnementale forte. Pour que cette expression puisse exister, il est important qu’il y ait un vote identifier comme écologiste au moment de l’élection européenne.


Ecoh – propos recueillis par la rédaction

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