AccueilInterviews« Il n’y aura ni capitalisme vert, ni capitalisme social ! »

« Il n’y aura ni capitalisme vert, ni capitalisme social ! »

Afin de placer l’écologie au cœur du débat, nous avons posé les mêmes questions à différents candidat-e-s pour les élections européennes. Adèle Kopff, investie sous la bannière de Lutte ouvrière, a accepté d’y répondre.


Ecoh – Bonjour Adèle, vous êtes candidate Lutte ouvrière pour les élections européennes, pouvez-vous nous résumer votre parcours ?

Adèle Kopff – Je suis révoltée par l’injustice de la société capitaliste depuis que je suis lycéenne, mes années lycées ont été marquées par des mouvements contre le gouvernement Balladur qui voulait mettre en place un Smic moins haut pour les jeunes (le CIP), puis par le grand mouvement de grève de novembre-décembre 1995 qui m’a fait comprendre la force des travailleurs lorsqu’ils se mobilisent. C’est à cette époque que j’ai commencé à m’engager à Lutte Ouvrière, à défendre les idées communistes, et je n’ai plus cessé depuis !

Qu’est-ce qui vous a poussé à vous engager ?

Mon engagement se nourrit de ma révolte, toujours renouvelée, contre la barbarie de la société capitaliste, contre l’exploitation. Je n’ai pas envie de me résigner à ce monde, où 26 milliardaires possèdent autant que la moitié de l’humanité. Et j’ai la conviction que ce sont les travailleurs, qui sont à la base de la production des richesses, qui ont la force de contester le pouvoir de ces capitalistes.

En matière d’environnement, quelles mesures de votre programme vous tiennent particulièrement à cœur ?

Le renversement du capitalisme ! Je crois qu’on peut avoir plein de belles idées sur l’écologie, mais le problème c’est que ce sont les capitalistes qui décident de ce qu’on produit, comment on produit, où on produit. Et leur seul critère, c’est le profit ! Tant qu’on leur laissera les manettes de toute l’économie, on ne pourra pas organiser la production de façon rationnelle, pour le bien des êtres humains et de la planète.

On ne pourra pas non plus résoudre les questions du réchauffement climatique, de la pollution des mers, des airs, à l’échelle nationale ni même à l’échelle européenne : il va falloir se concerter à l’échelle de la planète, mais cela veut dire rompre avec la concurrence, le règne des intérêts privés.

Quel est votre avis sur les marches pour le climat qui s’organisent en France et un peu partout dans le monde ?

Je trouve ça très positif que la jeunesse se mobilise en se posant les problèmes de l’avenir de l’humanité, l’aspect international de cette mobilisation me fait aussi plaisir parce que cela rompt avec les égoïsmes nationaux.

Un certain nombre de ces jeunes ne se contentent pas d’en appeler aux dirigeants  de la planète pour les convaincre d’être plus responsables, ils mettent en cause le capitalisme, la course au profit. J’espère qu’ils vont poursuivre dans cette voie : il ne s’agit pas de mettre en cause les comportements individuels de la population, de faire la morale aux plus pauvres pour leur expliquer qu’il faut consommer moins. Il s’agit de renverser le pouvoir des gros industriels, des banquiers, de les exproprier et de réorganiser toute l’économie sur d’autres bases.

Selon vous, comment lier la justice sociale et l’urgence climatique ?

Il n’y aura ni capitalisme vert, ni capitalisme social !  Je pense que les travailleurs, pour défendre leur niveau de vie face à la rapacité du grand patronat, face à cette classe capitaliste qui leur fait payer la crise, n’ont pas d’autre choix que de s’organiser pour prendre le contrôle des entreprises, pour les faire fonctionner dans l’intérêt collectif.

Et que seuls les travailleurs, en réorganisant l’économie de façon planifiée, rationnelle, débarrassée de la course au profit et de la concurrence, pourront réellement prendre des mesures pour lutter contre le réchauffement climatique.

Comment vous positionnez-vous face aux autres partis de gauche, pourquoi avoir refusé de vous allier avec le Nouveau Parti anticapitaliste ?

Les partis de gauche ont tous participé à des gouvernements, sous Jospin, sous Hollande, et ils ont largement démontré qu’ils ne veulent pas s’attaquer au pouvoir des capitalistes. En période électorale, ils font de nouveau plein de belles promesses aux travailleurs, et ils prétendent qu’il pourraient, d’en haut, améliorer le sort des travailleurs, des chômeurs, des retraités. Ces illusions sont dangereuses, car les désillusions et le désespoir qu’ils ont semés font le lit des pires idées d’extrême-droite.

Nous voulons convaincre les travailleurs que tout ce qu’ils obtiendront, ils devront l’arracher par leurs luttes, par en bas. Nous sommes les seuls à tenir ce langage lutte de classe, à dénoncer clairement le pouvoir du grand capital, et à dénoncer tous ceux qui cherchent à détourner la colère contre les migrants, contre l’Europe, contre les traités, pour cacher la responsabilité des capitalistes.

Quant à nos camarades du NPA que je ne classe pas avec cette gauche de gouvernement, nous avons mené des discussions pour voir s’il était possible de faire une campagne commune, nous avons fait le constat qu’on voulait faire deux campagnes différentes et conclut qu’il valait mieux que chacun fasse la sienne. Il est dommage qu’ils n’aient pas pu se présenter pour défendre leurs idées.


Ecoh – propos recueillis par la rédaction

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