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Laurence Couteille, candidate du Parti animaliste pour les élections européennes

Selon un sondage IFOP réalisé en partenariat avec l’association L214, une grande majorité de Français (80%) considère qu’il est du devoir de son député de voter des amendements défendant la condition animale, 77% des Français adhèrent également à l’inscription de la protection des animaux dans la Constitution – une attention forte de la population, qui pourrait avoir un impact non négligeable sur la décision électorale en mai 2019.

Nous sommes allés à la rencontre de Laurence Couteille, candidate sur la liste du Parti animaliste et auteure du livre « L’innocence des animaux ».

Ecoh – Bonjour Laurence, vous êtes candidate pour les élections européennes, pouvez-vous nous présenter le Parti animaliste ?

Le Parti Animaliste a été créé en 2016 par 7 personnes parmi lesquelles Hélène Thouy, avocate bordelaise pour différentes associations de défense animale dont L214. Ce jeune parti a rejoint la dynamique politique internationale initiée par les Pays Bas et participe aux différents débats des autres partis animalistes européens pour harmoniser ses directives. Notre parti – totalement indépendant et sans étiquette politique conventionnelle – s’est voulu volontairement monothématique pour que les électeurs votent sans ambiguïté pour cette cause qui leur tient à cœur ; cela ne veut évidemment pas dire que nous méprisons la condition humaine et toute l’actualité brûlante qui lui est afférente. Il s’agit avant tout d’élargir le champ de notre compassion aux autres cohabitants de cette planète, d’étendre l’horizon de notre moralité à d’autres êtres sensibles.

Lamartine disait : « on n’a pas un cœur pour les animaux et un pour les humains, on a du cœur ou on n’en a pas ». Le Parti Animaliste s’est fait remarquer aux élections législatives et a dépassé les 1% de votes dans 86 circonscriptions (2.9% en Haute Corse), ce qui lui a permis d’obtenir un financement étatique ; cependant, parce que notre parti a présenté 62 % de femmes, il devra payer des pénalités pour non respect de la parité. Le budget pour les européennes est très restreint et nous continuons à lancer un appel aux dons pour imprimer les bulletins de vote. Des personnalités nous ont rejoints sur la liste (Laurent Baffie entre autres) ou nous soutiennent par des interventions médiatiques, ce qui n’est pas négligeable pour un parti méconnu il y a peu de temps.

Notre programme est clair. Nous militons pour l’amélioration des conditions de transport, d’élevage en interdisant des pratiques cruelles indignes d’une société civilisée : interdiction des fermes-usines qui sont un enfer concentrationnaire, interdiction de la production de fourrure, interdiction de la castration à vif, du broyage des poussins et des canetons (50 millions sont broyés en France chaque année), suppression à terme de l’élevage en batterie, interdiction d’égorger en pleine conscience les animaux sans étourdissement préalable, interdiction du gazage des cochons….. Sans oublier une réorientation des subventions aux agriculteurs pour une agriculture respectueuse de la santé, de la nature et du vivant.

Qu’est-ce qui vous a poussé à vous engager ?

Comme beaucoup d’internautes, toutes ces vidéos exposant la torture des animaux me révoltent, m’indignent. Je pensais que ces images ignominieuses toucheraient les plus hautes instances politiques, or il n’en n’est rien, notre gouvernement a décidé de faire la sourde oreille aux appels d’urgence de Nicolas Hulot et de se voiler la face. Pire, le gouvernement a décidé de faire la part belle à la fédération des chasseurs en subventionnant des directives incompatibles avec la préservation de nos espèces, a pactisé avec le porte-parole des pro-corrida, et de mépriser les 12 amendements qui étaient proposés en faveur du bien-être animal. Mon sentiment d’impuissance a désormais laissé place à une volonté de m’engager dans cette noble cause qu’est la défense des innocents. Les associations de défense animale font un travail de fond formidable et L214 a ouvert une brèche en diffusant des vidéos d’une intolérable horreur qui va permettre de franchir un cap supplémentaire dans l’engagement politique. Quand on sait qu’une commission d’enquête a révélé que la plupart des abattoirs fonctionnent comme dans ceux montrés par L214, on ne peut que vouloir exercer un contre-pouvoir.

Vous donnez-vous le moindre objectif chiffré ou bien, l’important ici, c’est d’abord de participer?

Nous avons effectivement des espoirs chiffrés et nous déployons notre énergie pour promouvoir les enjeux de cette cause. A ce jour, notre force, ce sont tout de même les réseaux sociaux, des personnalités qui, chaque jour, nous rejoignent toujours plus nombreuses pour faire valoir la légitimité de ce parti. Les législatives ont réservé de belles surprises encourageantes. Il faut y croire. Abolir l’esclavage humain était une utopie au vu des enjeux économiques colossaux sur lesquels ont prospéré des royaumes qui se fournissaient en bétail humain et puis, après des millénaires de pratiques, que l’on considérait comme une loi naturelle, l’utopie s’est transformée en réalité. Abolir l’esclavage animal est aujourd’hui la nouvelle utopie mobilisatrice. Des pays européens ont pris de nombreuses dispositions pour améliorer la condition animale mais ces dispositions sont éparses, il faut maintenant les harmoniser. Nous comptons donc sur les internautes, qu’ils se déplacent nombreux pour donner leur voix aux sans voix.

Si vous avez des élu.e.s, comment comptez-vous voter sur les propositions qui n’ont pas de rapport avec la condition animale ?

Cette question est d’une grande complexité et l’on ne peut répondre en quelques mots sur les questions sociétales. Rappelons que la cause animale est transversale, au-delà de l’enjeu éthique, il y a un enjeu écologique, sanitaire (70 % des antibiotiques ne sont fabriqués en Europe que pour les animaux d’élevage), économique (l’élevage est un gouffre financier pour nos impôts transformés en subventions) et humain. Et c’est déjà une très vaste question !

Ecoh – propos recueillis par la rédaction

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